Porté par l’engouement sans précédent du mouvement Dry January qui gagne chaque début d’année du terrain, l’alcool ne donne plus la fièvre. Dans le sillage du déferlement Me Too où le consentement est devenu (espérons-le), le critère absolu pour redéfinir les relations sexuelles, la sobriété n’a jamais été aussi enviée.

Un matin sans mal de tête, un coup de foudre véritable, une relation non boostée par les degrés d’alcool, un corps allégé de toxines prêt à danser toute la nuit ou à gambader dès le soleil levé, des relevés bancaires sans surprise, autant de raisons qui poussent les nouveaux fêtards à repenser leur consommation d’alcool voire à l'éradiquer. 

Dry January, Oma Frida boisson sans alcool

Mais qui sont les nouveaux abstinents ?

Anciens alcooliques, femmes enceintes, malades guéris ou en passe de l’être, les jeunes qui souhaitent reprendre le contrôle de leur corps, les quarantenaires qui ne tiennent plus l’alcool…les repentis des nuits d’ivresse sont de plus en plus nombreux à se détourner des breuvages enivrants au profit d’options sans alcool désormais tout sauf ennuyeuses. 

Kombucha, sodas artisanaux, vin pétillant, spiritueux sans alcool, les verres et leurs contenus font aujourd’hui plus qu’illusion. Des bulles, des couleurs, de belles bouteilles rendent la démarche plus fun et gustativement intéressante. “Pendant ma grossesse, je me suis amusée à faire des dégustations de plein de boissons sans alcool dénichées dans une cave spécialisée avec un ami qui n’a jamais bu une goutte de sa vie. J’ai bien vu la joie avec laquelle il pouvait enfin partager son amour pour les eaux aromatisées et autres bières sans alcool.” raconte Amélie, chargée de communication de 36 ans. 

Pour Chloé, un vrai tabou injustifié demeure sur l’abstinence pourtant “On vit une époque qui met une pression colossale sur le bien-être et la santé : bouger 30 minutes par jour, prendre ses compléments alimentaires, mettre de la crème solaire, cuisiner sans Téflon, mais surtout on ne touche pas à l’alcool alors que ça n’apporte rien de bien pour la santé.” Cette sportive ne boit pas et essuie des remarques au quotidien. Elle déplore le fait qu’on soit plus respectée si on est vegan que si on ne boit pas. Les chiffres confirment ses dires : le bien-être est une tendance en plein essor : les dépenses liées au bien-être et au fitness progressent (+7,1 % du volume d’affaires et +7,6 % du volume d’activité). 

Laure, une architecte née à Béziers, élevée aux féria et au mauvais rosé, témoigne : “J’ai dû arrêter l’alcool il y a 4 ans à cause d’une maladie de la peau… Franchement on s’en passe facilement, c’est plutôt les autres le problème. C’est dur car on me fait remarquer tout de suite que je ne bois pas et on me demande presque de me justifier. Bien sûr les gens pensent que je suis une ancienne alcoolique avec une cirrhose du foie.” Pourtant cette ancienne consommatrice de 47 ans avoue avoir été la première à penser que ceux qui ne buvaient pas étaient tristes. Sans regretter son choix, elle concède pourtant moins s’amuser en soirée sans l'alcool : “On n'a pas envie d'enchaîner les coca zéro pendant des heures, on est fatigués plus vite et on s’ennuie plus facilement et on trouve les gens saouls débiles. Passer de l'autre côté permet de voir les choses autrement."

Dry january sans alcool sobre

Une tendance de consommation

Les consommateurs se détournent de l’alcool et les chiffres confirment cette tendance baissière. Les volumes d’alcool pur mis en vente ont de nouveau diminué en 2023 (− 3,8 % par rapport à 2022), s’établissant désormais à une moyenne de 10,35 litres d’alcool pur par habitant de plus de 15 ans. À quoi doit-on cette baisse ? Recul des ventes de vins (− 4,2 % entre 2022 et 2023), qui représentent toujours la majorité des boissons alcoolisées vendues en France (52%). Les Français se reportent vers les bières, dont les ventes sont en hausse continue depuis 2018 et dépassent désormais un quart des volumes d’alcool mis en vente.” 
Chez les adultes, la diminution de la consommation quotidienne est marquée (− 13 % entre 2021 et 2023). Chez les adolescents de 17 ans, la baisse de consommation est encore plus prononcée entre 2017 et 2022, avec un usage quotidien qui a diminué de 31 %, et un usage dans le mois qui a diminué de 14 %. (source Observatoire français des drogues et des tendances addictives).

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Le boost du Dry January

Ce défi personnel et de santé rebat les cartes de la consommation et conquiert chaque année plus d’adeptes. Un phénomène qui gagne du terrain sur les réseaux sociaux, l’intérêt pour le Dry January explose avec une hausse spectaculaire des recherches sur TikTok (+773 %) et Instagram (+613 %) en janvier 2025. Selon le baromètre SOWINE 2023, 15% des français déclarent ne pas boire d’alcool, une tendance de plus en plus forte chez les 18-25 ans qui représentent 23% d’entre eux mais également chez les femmes (17%) et les foyers à faible revenu (19%). L’alcool est-il devenu un luxe ? Pas vraiment si l’on considère les options sans alcool et de bonne qualité qui ont un certain coût. La délicieuse bouteille (75cl) de pétillant 100% bio, naturel et français Omafrida coûte tout de même 15€ et les superbes sodas botaniques (33cl) fabriqués dans le Jura Nos Jardins Imparfaits sont vendus au prix de 3,40€ tandis qu’une canette de Coca coûte moins de deux euros.   

Des caves spécialisées fleurissent un peu partout (Le Paon qui Boit à Paris, Waaa à Biarritz ou encore Papompette à Pau) tandis que les lieux de vente classique sont bien obligés de jouer de jeu. Les bars et les restaurants étoffent leur carte de soft allant même jusqu’à créer des accords mets et jus ou thé comme à La Chassagnette, le restaurant étoilé camarguais piloté par le chef Armand Arnal. Enfin, Benoît d’Onofrio, plus connu sous le nom de @le_sobrelier, prodigue ses conseils et partage ses recettes de cocktails et autres potions colorées tel un druide venu nous convertir à la tendance du NoLow (contraction de no et low alcohol). Plus besoin d’être en janvier ou en cloque pour s'amuser sans se saouler. Vive la sobriété !