
LE PORTFOLIO DE DELPHINE LAMARQUE
Basée dans son atelier de Soorts-Hossegor, Delphine Lamarque est une artiste singulière qui redonne vie aux toiles de tente en les transformant en œuvres immersives, tendues sur châssis. Ces toiles, chargées d’histoire, deviennent le support d’un univers empreint de nostalgie. Symboles d’indépendance, d’insouciance et d’évasion, ces toiles évoquent autant l’abri que le voyage, marquées par le temps comme autant de traces de vie, à l’image de nos propres parcours.


Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Delphine Lamarque, j’ai 42 ans et je suis artiste. Je vis à Seignosse et j’ai mon atelier à Soorts-Hossegor.


Si vous deviez retracer votre parcours ?
Je suis bordelaise d’origine, j’ai passé deux ans à Londres avant d’arriver à Paris en 2008 pour intégrer l’école de mode Studio Berçot. Après mon diplôme et des expériences en tant que styliste et ensemblière dans le cinéma j’ai monté ma première boîte « La Saperie Fine ». À cette époque, consommer de la seconde main n'était pas aussi répandu qu’aujourd'hui, j’ai donc créé un évènement où je proposais des vêtements et de la décoration que je chinais à travers l’Europe.
En arrivant dans les Landes en 2016 je me suis intéressée au tissage. D’abord sous la forme de sculptures, puis de bijoux. En parallèle, j’ai ouvert « Finca », une boutique de seconde main à Hossegor. Deux ans plus tard, avec l’aide d’un agent, mes bijoux étaient revendus sous ma marque éponyme dans près de 100 boutiques à travers le monde.
En 2022, après le Covid et à l’aube de mes 40 ans, j’ai eu besoin de me recentrer et d’exprimer ce sentiment de liberté volée. J’ai vendu ma marque de bijoux, fermé ma boutique et je me suis enfermée dans mon atelier pour me lancer dans un voyage introspectif. Quelques mois plus tard, je montais ma première toile de tente sur châssis.


Quelle a été votre rencontre avec l'art ?
Un Vogue collection spécial Jean Paul Gaultier trouvé dans un train. J’ai été émerveillée par la richesse et le champ des possibles qu’offrait le textile, c’est ce qui m’a donné envie de faire une école de mode.


Comment vous sentez-vous lorsque vous créez ?
Je travaille souvent le soir voire la nuit. Le fait d'être déconnectée du monde éveillé me permet d’être dans ma bulle.


Quelles sont vos sources d'inspiration ?
L’architecture principalement, celle qui célèbre les matériaux bruts, la simplicité et le recyclage tout en provoquant une émotion et une certaine poésie. Je suis aussi très attirée par le travail du dessinateur Jean Giraud, à son époque Moebius. Son univers onirique m’inspire beaucoup.


Vous utilisez des tentes pour vos toiles, pourquoi cet objet joue un rôle central dans votre travail ?
Je suis issue d’une grande famille très soudée et ces toiles de tente représentent le nid et la protection. Elles sont aussi des symboles de liberté et d’indépendance et me rappellent mon enfance et l’insouciance de cette époque. Marquées par les traces du temps, je les vois comme une métaphore de nos existences.


Qu'est-ce que ça vous fait de partager votre travail ?
La plupart de mes toiles sont en grand format afin de plonger le spectateur en immersion dans le passé. Ces toiles parlent d’elles-mêmes et les réactions sont généralement remplies de nostalgie. C’est très touchant.


Quels sont vos projets / vos envies à venir ?
J’ai trois expositions en solo à venir. La première au centre d’art contemporain de Labenne, la seconde à la galerie Maket à Paris et la dernière en juin à Bordeaux dans un lieu encore à définir.
Mon envie du moment est de me téléporter en juin pour avoir du temps pour moi, explorer l'abstrait et créer sans cahier des charges.


Photos de Josephine Walker